Joyeux anniversaire

Il avait une drôle de gueule. Pour sa défense, il était le pre­mier de son genre, et per­sonne ne savait à quoi il était cen­sé res­sem­bler. Fils natu­rel d’un cyclope et d’une libel­lule, il avait un énorme œil qui lui per­met­tait de regar­der dans toutes les direc­tions. On ten­ta briè­ve­ment de lui gref­fer des pau­pières, mais cela ne lui allait guère, et il retrou­va rapi­de­ment sa vue pano­ra­mique. On le for­ça éga­le­ment par­fois à mettre un pan­ta­lon, mais il n’é­tait jamais aus­si à l’aise qu’au natu­rel, la queue à l’air. Très réus­si, il fut le patriarche d’une grande famille et s’es­saya à tous les petits bou­lots qu’il trou­vait : chauf­feur, agri­cul­teur, secou­riste, sol­dat, obser­va­teur, plon­geur, repor­ter, pro­fes­seur… Il se fit même coach pour astro­nautes ! Mais le plus grand hom­mage, c’est peut-être de voir à quel point son meilleur enne­mi, un oiseau sif­fleur fran­çais, reprit son allure générale…

Joyeux anni­ver­saire, Bell 47.