Joyeux anniversaire
|Il était beau, il était élégant, il était vif. Il portait haut la classe et la sophistication britanniques, et son costume impeccable ne l’empêchait pas de battre les autres sprinteurs de son bac à sable. Oui, mais. Mais Papa était mort à la fin de la gestation, et le bébé avait été confié aux bons soins de Tonton, qui justement venait de s’étriper avec son géniteur à son sujet. Suite aux remarques d’une nourrice, et sans consulter les autres, Tonton décida que l’enfant mangeait trop et prenait trop de place : il coupa brutalement ses rations, et la croissance du petit en souffrit. Lorsqu’il arriva sur le marché du travail, il put naturellement faire valoir sa vivacité, son intelligence exceptionnelle et sa capacité surnaturelle à s’orienter dans le noir, mais les employeurs n’en furent pas moins unanimes : “T’es trop petit, petit. Pour ton taf, y’a le nabot américain, là, il est pas aussi beau, il est pas aussi futé, mais il picole moins. Et tu peux pas faire le boulot de l’autre ricain, celui qui te ressemblait comme un clone avant tes ennuis de croissance.” Il tenta bien de se mettre à la musculation sur le tard, quitte à devenir quadrupède pour porter plus lourd, mais cela ne suffit pas à redresser la barre. Tout dernier enfant de son père, pionnier d’une nouvelle génération, il resta donc un peu mal-aimé, pendant que son quasi-clone d’outre-Atlantique arrachait les “raaah lovely” des observateurs du monde entier.
Joyeux anniversaire tout de même, De Havilland Hawker Siddeley Trident.