Joyeux anniversaire

Il était beau, il était élé­gant, il était vif. Il por­tait haut la classe et la sophis­ti­ca­tion bri­tan­niques, et son cos­tume impec­cable ne l’empêchait pas de battre les autres sprin­teurs de son bac à sable. Oui, mais. Mais Papa était mort à la fin de la ges­ta­tion, et le bébé avait été confié aux bons soins de Ton­ton, qui jus­te­ment venait de s’é­tri­per avec son géni­teur à son sujet. Suite aux remarques d’une nour­rice, et sans consul­ter les autres, Ton­ton déci­da que l’en­fant man­geait trop et pre­nait trop de place : il cou­pa bru­ta­le­ment ses rations, et la crois­sance du petit en souf­frit. Lors­qu’il arri­va sur le mar­ché du tra­vail, il put natu­rel­le­ment faire valoir sa viva­ci­té, son intel­li­gence excep­tion­nelle et sa capa­ci­té sur­na­tu­relle à s’o­rien­ter dans le noir, mais les employeurs n’en furent pas moins una­nimes : “T’es trop petit, petit. Pour ton taf, y’a le nabot amé­ri­cain, là, il est pas aus­si beau, il est pas aus­si futé, mais il picole moins. Et tu peux pas faire le bou­lot de l’autre ricain, celui qui te res­sem­blait comme un clone avant tes ennuis de crois­sance.” Il ten­ta bien de se mettre à la mus­cu­la­tion sur le tard, quitte à deve­nir qua­dru­pède pour por­ter plus lourd, mais cela ne suf­fit pas à redres­ser la barre. Tout der­nier enfant de son père, pion­nier d’une nou­velle géné­ra­tion, il res­ta donc un peu mal-aimé, pen­dant que son qua­si-clone d’outre-Atlan­tique arra­chait les “raaah love­ly” des obser­va­teurs du monde entier.

Poste de pilotage de Hawker-Siddeley Trident 2E
Carte affi­chée en temps réel, gui­don façon Concorde, atter­ris­sage entiè­re­ment auto­ma­tique… En 1965, les tech­no­lo­gies du Tri­dent avaient dix ans d’a­vance. — pho­to Nimbus227

Joyeux anni­ver­saire tout de même, De Havilland Haw­ker Sid­de­ley Trident.