Un con pétant

Aujourd’­hui, pre­mière visite à la méde­cine du tra­vail depuis le 7 jan­vier 2003 (oui, l’É­du­ca­tion natio­nale assure un sui­vi par­ti­cu­liè­re­ment pous­sé de ses maîtres d’internat… >.< ).

Le tou­bib com­mence par les bases : on parle des mala­dies fami­liales, il me demande si j’ai des mala­dies chro­niques, com­ment vont le moral et le som­meil (“ben, ça dépend des moments, je suis un peu cyclo­thy­mique…”), et si j’ai des trai­te­ments en cours, phy­siques ou psy­chiques. J’é­voque le fait que je suis une psy­cho­thé­ra­pie depuis deux ans.

Là, il trouve deux ques­tions à poser :

— com­bien de fois par semaine ? (Comme si c’é­tait l’important…)

— vous avez l’im­pres­sion que ça vous aide ? (Non, cré­tin, je claque 80 € par semaine juste pour hono­rer la mémoire de Freud. ‑_- ’ )

Et la conclu­sion : “je vous en demande pas plus”.

Petit rap­pel : on parle à un méde­cin du tra­vail. On parle de psy­cho­thé­ra­pie, donc poten­tiel­le­ment de fai­blesses psy­cho­lo­giques, et j’ai uti­li­sé le terme “cyclo­thy­mique”. Et on parle de jour­na­lisme, métier intel­lec­tuel connu pour ses périodes de ten­sion ner­veuse intense alter­nant avec des phases de relâ­che­ment brutal.

Il me semble rai­son­nable d’i­ma­gi­ner que la ques­tion sui­vante, pour qui­conque d’un tant soit peu com­pé­tent, aurait concer­né les aspects psy­cho­lo­giques du tra­vail. Genre : “est-ce que ça a un lien avec votre pro­fes­sion ?” ou “et les sautes d’hu­meur, com­ment ça se passe avec le boulot ?”.

Mais non. La suite, c’é­tait de véri­fier que j’a­vais un cœur, deux pou­mons et un esto­mac avant de tam­pon­ner la fiche.

Je veux pas faire dans la phi­lo avan­cée, mais l’in­té­rêt de la méde­cine du tra­vail, c’est jus­te­ment de recher­cher et d’an­ti­ci­per les pro­blèmes de san­té en rap­port avec le tra­vail. Un bon méde­cin du tra­vail doit cher­cher pour tout pro­blème poten­tiel qui lui est sou­mis s’il y a un rap­port avec le tra­vail. Per­son­nel­le­ment, la simple asso­cia­tion de “cyclo­thy­mie” et de “jour­na­lisme” me fait pen­ser à un quitte ou double (soit le rythme des bou­clages colle au rythme du malade, et c’est le bou­lot idéal, soit ça ne colle pas et on bâtit patiem­ment une bombe à retardement).

Si on traite la par­tie psy­cho­lo­gique par des­sus la jambe et qu’on résume la par­tie phy­sique à “direc­te­ment sous les toits, vous souf­frez de la cha­leur, non ?” et “ten­sion à 13/8,5, très bien” (au pas­sage, c’est pas très bien, c’est plu­tôt éle­vé selon mes stan­dards habi­tuels), ça sert à quoi, à part peut-être à faire perdre une demi-jour­née de bou­lot en plein bou­clage d’un magazine ?