Liberté d’expression

La liber­té d’ex­pres­sion, c’est aus­si la liber­té de dire des conne­ries. Valé­rie Boyer nous l’a géné­reu­se­ment démon­tré aujourd’­hui, dans une entre­vue dif­fu­sée tout à l’heure au jour­nal de France 3 :

Je sou­haite que dans mon pays, les Fran­çais, d’o­ri­gine armé­nienne ou pas, ceux qui sont atta­chés aux Droits de l’homme, puissent être pro­té­gés des actes de néga­tion­nisme. Ce texte, en aucun cas, n’en­ta­mait ou n’en­ta­chait la liber­té d’expression.

En quoi est-ce une conne­rie, me direz-vous ?

Et bien, sim­ple­ment parce que si l’on reparle de cette loi aujourd’­hui, c’est en rai­son d’un avis du Conseil consti­tu­tion­nel ren­du ce jour :

En répri­mant ain­si la contes­ta­tion de l’exis­tence et de la qua­li­fi­ca­tion juri­dique de crimes qu’il aurait lui-même recon­nus et qua­li­fiés comme tels, le légis­la­teur a por­té une atteinte incons­ti­tu­tion­nelle à l’exer­cice de la liber­té d’ex­pres­sion et de communication.

Vous voyez le truc ? Le Conseil consti­tu­tion­nel est l’or­gane offi­ciel des­ti­né à expli­quer ce qui est ou n’est pas conforme à la Consti­tu­tion, donc notam­ment aux liber­tés qu’elle garan­tit. On peut avoir son avis sur une ques­tion consti­tu­tion­nelle, mais quoi qu’il arrive, c’est pré­ci­sé­ment le Conseil consti­tu­tion­nel et lui seul qui peut in fine déter­mi­ner ce qui viole ou non la liber­té d’ex­pres­sion ; et il dit en l’oc­cur­rence que la loi remise en cause lui porte atteinte.

Mais Valé­rie Boyer, forte de cet avis, n’hé­site pas à affir­mer le contraire, parce que quand même, elle est experte en droit consti­tu­tion­nel, lar­ge­ment plus que les gens qui siègent au Conseil…

(Au pas­sage, le Conseil n’a été sai­si que de cette Loi, et ne s’est donc pas pro­non­cé sur l’u­nique pré­cé­dent, celle punis­sant la néga­tion du géno­cide ciblant les Juifs pen­dant la Seconde guerre mon­diale. Nul doute que le pro­chain juge­ment d’un pote de Fau­ris­son com­men­ce­ra par une ques­tion prio­ri­taire de consti­tu­tion­na­li­té sur la ques­tion, qui cas­se­ra cette loi à son tour, réta­bli­ra l’é­ga­li­té entre géno­cides récla­mée par Boyer, et sur­tout remet­tra l’His­toire entre les mains des experts bien pla­cés pour en par­ler : les historiens.)