L’appel du pied

Dimanche 6 mai, j’ap­pelle tous les Fran­çais qui mettent l’a­mour de notre patrie au-des­sus de toute consi­dé­ra­tion par­ti­sane et de tout inté­rêt par­ti­cu­lier, à s’u­nir et à me rejoindre pour construire la France forte.

C’est, vous le savez, la conclu­sion de la pro­fes­sion de foi de Nico­las Sar­ko­zy, can­di­dat à la pré­si­dence de la Répu­blique française.

Il y a deux choses à remarquer.

La pre­mière, c’est la forme : c’est la seule zone de son pros­pec­tus qui soit manus­crite. C’est donc celle que l’on retient, celle où il s’a­dresse per­son­nel­le­ment au lec­teur, celle qui compte au delà du dis­cours for­ma­té qui précède.

La seconde, c’est la cible. À qui parle-t-il ? Des patriotes, déjà, c’est un indice. Mais des patriotes par-delà tout consi­dé­ra­tion par­ti­sane, des patriotes qui ne suivent pas d’in­té­rêt par­ti­cu­lier ; bref, des patriotes qui ne choi­sissent pas entre Sar­ko­zy et Hol­lande. Il n’y a qu’un club de patriotes qui réponde à ce cri­tère : les élec­teurs du Front natio­nal, qui se repor­te­raient à envi­ron 50 % sur lui et à 20 % sur l’autre, d’a­près les der­niers sondages.

Le pro­chain qui me dira que Sar­ko­zy s’a­dresse beau­coup plus aux lepé­nistes qu’à ses alliés tra­di­tion­nels, gaul­listes ou cen­tristes, je vois vrai­ment pas com­ment lui don­ner tort.

(Et, du coup, je com­prends par­ti­cu­liè­re­ment la posi­tion d’un Bay­rou, à qui cer­tains reprochent d’a­voir tra­hi le camp de l’é­co­no­mie sérieuse : il y a des valeurs morales supé­rieures aux simples choix économiques.)