Le symbole

C’est fait. Jean-Marc Ayrault entre­ra demain à Mati­gnon, pre­mier des ministres de la République.

Et là, je dis : “merde”.

Et j’a­joute : “putain, mais c’est pas croyable d’être aus­si con”.

Petit rap­pel : mon­sieur Hol­lande, can­di­dat à la pré­si­dence de la Répu­blique, s’est enga­gé à ne pas s’en­tou­rer de per­sonnes ayant été jugées et condam­nées. Il se posait ain­si en chantre de la mora­li­té publique.

Autre petit rap­pel : le 19 décembre 1997, mon­sieur Ayrault, maire de Nantes, a été condam­né à six mois de pri­son avec sur­sis et 30 000 francs d’a­mende pour favoritisme.

Conclu­sion : ce jour, le pré­sident de la Répu­blique Fran­çois Hol­lande a annon­cé la nomi­na­tion de Jean-Marc Ayrault comme pre­mier ministre.

Vous dites ? On s’en fout ? D’au­tant qu’il y a eu réha­bi­li­ta­tion du fait de la vieillesse de la pro­cé­dure, qui vaut à Jean-Marc Ayrault la vir­gi­ni­té com­plète et imma­cu­lée de son casier judiciaire ?

C’est vrai. Et, disons-le clai­re­ment : je m’en fous.

Nom­mer un pre­mier ministre, c’est un sym­bole. C’est aus­si con que ça. La poli­tique se nour­rit d’ailleurs lar­ge­ment de symboles.

Nom­mer Ayrault pre­mier ministre, c’est pas plus répré­hen­sible que de bouf­fer au Fou­quet’s un soir d’é­lec­tion ou de prendre une semaine de vacances sur un yacht prê­té par un ami mil­lion­naire. Ça l’est même moins : Ayrault s’est tenu à car­reau depuis et, vue la gueule du dos­sier, même à l’é­poque il pou­vait très plau­si­ble­ment plai­der la mal­adresse juri­dique plu­tôt que la volon­té de favo­ri­tisme. Bref, Ayrault a un casier vierge, rien ou presque à se repro­cher, et tout ce qu’il faut pour assu­rer à son poste.

Mais, putain de Dieu, c’est un sym­bole. Un SYMBOLE.

Ayrault a été condam­né. On avait juré de ne pas prendre de per­sonne condam­née. Même si sa condam­na­tion est aujourd’­hui ancienne jus­qu’à méri­ter légi­ti­me­ment l’ou­bli, c’est un sym­bole hau­te­ment mal­en­con­treux que de le choi­sir ain­si. Pré­ci­sé­ment le genre de conne­rie qu’il faut impé­ra­ti­ve­ment évi­ter si l’on ne veut pas être emmer­dé avec pen­dant cinq ans.

Non mais sérieu­se­ment, ils n’ap­prennent jamais rien ? Ils n’ont jamais enten­du le mot “cas­se­role” ? Ils sont convain­cus qu’il ne se conjugue qu’à la droite ?

24 heures. J’au­rais aimé que Hol­lande attente au moins 24 heures avant de s’ac­cro­cher une cas­se­role à la queue.

Mais non, c’é­tait trop attendre.

Cré­tin.