Combativité

Aujourd’­hui, les dépu­tés de droite n’a­vaient qu’un mot à la bouche : “com­ba­ti­vi­té”. Ber­trand veut une “oppo­si­tion com­ba­tive, réso­lue”, Jacob est “loyal, cha­leu­reux et com­ba­tif dans la tourmente”…

Mais depuis quand on veut une oppo­si­tion com­ba­tive ? Depuis quand on vote pour des dépu­tés dans le but qu’ils se foutent sur la gueule ?

Bande de petits mer­deux, je vous paie, tous autant que vous êtes, de gauche ou de droite, je vous paie via mes impôts pour que vous conce­viez les meilleures lois pour mon pays. Et uni­que­ment pour ça.

Je vous paie pas pour vous foutre sur la gueule entre majo­ri­té et oppo­si­tion. Je vous paie pas pour régler vos que­relles par­ti­sanes ou vos aigreurs d’e­go. Je vous paie pas pour reje­ter ou amen­der des lois que vous seriez heu­reux de sou­te­nir si elles étaient pré­sen­tées par votre camp.

Je vous paie pour que pre­niez en compte mon inté­rêt, à moi et à mes 65 mil­lions de conci­toyens, et que vous déci­diez en mon nom sur la seule base de notre inté­rêt commun.

Je ne vous paie pas pour être com­ba­tifs, tas de gueux.

Au contraire, je vous paie pour dis­cu­ter, com­prendre, étu­dier, réflé­chir et prendre le temps de prendre les meilleures déci­sions, les plus intel­li­gentes, en bonne entente. Et ce, même si ça veut dire vous écou­ter les uns les autres jus­qu’au milieu de la nuit pour trou­ver la meilleure rédac­tion d’un texte, celle qui sera suc­cincte, intel­li­gible et non-ambiguë.

Ça ne veut pas dire lais­ser pas­ser n’im­porte quoi au nom du consen­sus. Mais ça veut dire qu’en aucun cas, vous n’a­vez le droit de déci­der de prime abord, avant même le début de la légis­la­ture, d’être com­ba­tif. Vous devrez l’être face aux conne­ries, mais après qu’elles auront été émises, et jamais face aux opi­nions diver­gentes intel­li­gentes et argu­men­tées — et sur­tout pas a priori.

Mon opi­nion, c’est que lors­qu’un dépu­té, qui doit avant tout pos­sé­der une intel­li­gence vive, un goût pro­fond pour la dis­cus­sion argu­men­tée et une grande capa­ci­té à écou­ter élec­teurs et col­lègues, met en avant sa com­ba­ti­vi­té comme si c’é­tait une qua­li­té, il doit être trai­té comme un coq qui monte sur ses ergots : dans une cas­se­role, avec un bouillon de vin rouge et d’épices.