Joyeux anniversaire

Après une brève pre­mière vie, il avait été oublié du côté de Phi­la­del­phie. Exhu­mé sept ans plus tard, il fut alors réorien­té dans une voie pro­met­teuse : des­ti­né par ses nou­veaux pères à une triple car­rière d’ex­plo­ra­teur, de garde du corps et de scien­ti­fique, il reçut le pré­nom d’un célèbre héros de tra­gé­die clas­sique et la mis­sion de suivre ses traces. Un peu de gon­flette et beau­coup de chi­rur­gie plus tard, il lui tar­dait de se dégour­dir les jambes et il par­tit en mis­sion sans vraie for­ma­tion, avec l’en­thou­siasme et la naï­ve­té de la jeu­nesse. Il décou­vrit bru­ta­le­ment la réa­li­té et eut rapi­de­ment des ennuis de san­té, mais deux séjours à l’hô­pi­tal n’en­ta­mèrent pas son allant et il trou­va rapi­de­ment l’en­droit où son des­tin l’at­ten­dait. Hélas, les séquelles de ses bles­sures l’empêchèrent d’ac­com­plir sa mis­sion : il ne fit qu’une courte explo­ra­tion, man­qua se noyer et res­ta muet plu­sieurs jours. Cette unique expé­rience mit fin à sa car­rière et il s’é­tei­gnit dis­crè­te­ment, sans jamais avoir atteint l’au­ra de son illustre éponyme.

La première expédition polaire en sous-marin : un fiasco technique, un bon bilan scientifique, une superbe amnésie collective. - photo Norsk Polarinstitutt
La pre­mière expé­di­tion polaire en sous-marin : un fias­co tech­nique, un bon bilan scien­ti­fique, une superbe amné­sie col­lec­tive. — pho­to Norsk Polarinstitutt

Joyeux anni­ver­saire tout de même, Nau­ti­lus.