Lettres et traits d’union

Tout com­mence sur Face­book, avec cette publi­ca­tion, dont je vous extrais deux com­men­taires ci-dessous.

Photo et commentaires sur Facebook.
Pho­to et com­men­taires sur Face­book.

Vous ne voyez pas le problème ?

C’est simple : il n’y a ni F7, ni F‑7 sur cette photo.

L’ap­pa­reil numé­ro 49 est un Cata­li­na (un PBY-6A si j’en juge par la taille de la dérive), le numé­ro E22 est un Tigercat.

Le Tiger­cat était connu dans l’US Navy sous le matri­cule F7F. Notez l’ab­sence de trait d’u­nion et le F à la fin, signa­lant qu’il était fabri­qué par Grumman.

Résu­mer à F7 peut induire en erreur : on peut confondre avec le Vought F7U, un chas­seur embar­qué très ori­gi­nal construit un peu plus tard.

Écrire F‑7 est une erreur, cette réfé­rence ren­voyant à deux autres appa­reils. D’a­bord, un F‑7 exis­tait à la même époque dans le même pays : le F‑7 était dans l’US Army Air Force la décli­nai­son dédiée à la recon­nais­sance du Conso­li­da­ted Libe­ra­tor — avec des appa­reils pho­to à la place des bombes. Ensuite, l’US Navy a elle aus­si eu un F‑7, lorsque les dési­gna­tions “lettre-nombre” ont été uni­for­mi­sées dans toutes les branches de l’ar­mée amé­ri­caine. Dans ce nou­veau sys­tème, F‑7 dési­gnait les pro­to­types du Convair Sea Dart, le seul et unique hydra­vion super­so­nique de l’Histoire.

Dans le contexte de l'US Navy, le seul F-7, c'est ce machin bizarre.
Dans le contexte de l’US Navy, le seul F‑7, c’est ce machin bizarre. — pho­to US Navy

J’ai déjà eu des échanges com­pli­qués avec des gens qui cher­chaient un appa­reil pho­to et ne com­pre­naient pas pour­quoi je leur décon­seillais le D60 — alors qu’en fait, ils par­laient du 60D, mais avaient inver­sé la réfé­rence. Les qui­pro­quos ont duré moins long­temps, mais confondre un Pana­so­nic GX7 et un Canon G7 X peut éga­le­ment ame­ner à des situa­tions amusantes.

Les réfé­rences sont géné­ra­le­ment conçues pour éli­mi­ner toute ambi­guï­té (lais­sons de côté le remar­quable cas du Canon Power­Shot S100, dési­gna­tion uti­li­sée deux fois en Amé­rique du Nord). En fait, évi­ter les confu­sions est même leur seule et unique rai­son d’être. Mais leur côté per­vers, c’est que la moindre alté­ra­tion amène sou­vent à un truc qui n’a rien à voir.

Il y a deux bonnes approches : si on veut être pré­cis, uti­li­ser la réfé­rence, en fai­sant atten­tion à la res­pec­ter à la lettre. Si on n’a pas besoin d’un grand niveau de pré­ci­sion, on a tout inté­rêt lors­qu’il existe à uti­li­ser un nom plus géné­rique. Par exemple, dire “Tiger­cat” plu­tôt que F7F, c’est plus élé­gant à l’o­reille et ça fait moins mili­taire — ce qui est cool quand on parle de bom­bar­diers d’eau civils.

Acces­soi­re­ment, si vous dites que Coul­son a deux Her­cules bom­bar­diers d’eau, c’est exact ; si vous par­lez de deux C‑130, c’est faux (le deuxième est un L‑100–30, construit direc­te­ment pour la vie civile).