Joyeux anniversaire

Enfant de la guerre, il devait faire comme ses pré­dé­ces­seurs : plus vite, plus haut, plus fort. En fait, il se révé­la sur­tout un enfant obèse qui pou­vait mar­cher infa­ti­ga­ble­ment à un train de séna­teur mais pei­nait ne serait-ce qu’à trot­ti­ner. En outre, il souf­frait de cour­ba­tures récur­rentes et, mal­gré ses six pattes, finis­sait sou­vent ses pro­me­nades en boi­tant ; on eut beau lui rajou­ter des béquilles, trans­for­mant cet insecte en crabe, il ne devint jamais le spor­tif espé­ré. Rapi­de­ment dépas­sé dans sa tâche de livreur, il fit une petite car­rière de pho­to­graphe, mais c’est fina­le­ment comme cobaye qu’il fut le plus remar­quable. D’a­bord, pour sup­por­ter son énorme poids, on lui fit tes­ter dif­fé­rentes chaus­sures ortho­pé­diques. Ensuite, puis­qu’il avait un don pour l’haltérophilie, on lui pro­po­sa de traî­ner ses petits frères lors des longs voyages ; on lui fit éga­le­ment por­ter rien moins qu’une cen­trale nucléaire com­plète. Rien de tout cela n’é­tant concluant, il fut auto­ri­sé très jeune à faire valoir ses droits à la retraite et n’a plus mis le nez dehors depuis bien long­temps. Mais il garde la satis­fac­tion d’a­voir été un fai­seur de paix dis­sua­sif, à défaut d’être réel­le­ment effi­cace, et d’être encore aujourd’­hui le plus grand, le plus endu­rant et le plus cos­taud de la bande.

Le B-36 était plus grand que le B-52, portait plus lourd, et n'a jamais attaqué personne. - photo US Air Force
Le B‑36 était plus grand que le B‑52, por­tait plus lourd, et n’a jamais atta­qué per­sonne. — pho­to US Air Force

Joyeux anni­ver­saire, Convair B‑36 Peacemaker.