Joyeux anniversaire
|Enfant de la guerre, il devait faire comme ses prédécesseurs : plus vite, plus haut, plus fort. En fait, il se révéla surtout un enfant obèse qui pouvait marcher infatigablement à un train de sénateur mais peinait ne serait-ce qu’à trottiner. En outre, il souffrait de courbatures récurrentes et, malgré ses six pattes, finissait souvent ses promenades en boitant ; on eut beau lui rajouter des béquilles, transformant cet insecte en crabe, il ne devint jamais le sportif espéré. Rapidement dépassé dans sa tâche de livreur, il fit une petite carrière de photographe, mais c’est finalement comme cobaye qu’il fut le plus remarquable. D’abord, pour supporter son énorme poids, on lui fit tester différentes chaussures orthopédiques. Ensuite, puisqu’il avait un don pour l’haltérophilie, on lui proposa de traîner ses petits frères lors des longs voyages ; on lui fit également porter rien moins qu’une centrale nucléaire complète. Rien de tout cela n’étant concluant, il fut autorisé très jeune à faire valoir ses droits à la retraite et n’a plus mis le nez dehors depuis bien longtemps. Mais il garde la satisfaction d’avoir été un faiseur de paix dissuasif, à défaut d’être réellement efficace, et d’être encore aujourd’hui le plus grand, le plus endurant et le plus costaud de la bande.
Joyeux anniversaire, Convair B‑36 Peacemaker.