La pensée du jour

Je viens de reti­rer de mes contacts Face­book quel­qu’un que j’es­ti­mais beaucoup.

Parce que j’ai eu la mau­vaise idée de faire part de mes doutes, d’ex­pri­mer la dif­fi­cul­té que je puis éprou­ver à voter pour Macron — parce que, qu’on le veuille ou non, il s’a­git aus­si de cela —, de dire que j’en­vi­sa­geais de voter blanc, cette per­sonne n’a depuis lun­di pas ces­sé de s’en prendre à moi. Oh, pas à moi per­son­nel­le­ment, bien sûr (quoi que si, un peu aus­si en fait), mais à tous ceux qui hésitent, à tous ceux qui sont mal à l’aise, à tous ceux qui craignent que, comme en 2002, le vote “contre l’ex­trême” ait l’ef­fet d’un vote “pour le libéral”.

Depuis lun­di, je n’ai guère vu cette per­sonne s’en prendre aux élec­teurs du Front Natio­nal, non plus qu’à ceux de Fillon dont un sur quatre devrait voter Le Pen dimanche en huit. En revanche, du matin au soir, abs­ten­tion­nistes avé­rés, par­ti­sans du blanc ou simple dubi­ta­tifs dans mon genre s’en sont pris plein la gueule, jus­qu’à affir­mer que nous étions “des vrais, des sacrés cons et même de sales cons”.

Il paraît qu’il est impor­tant, dans des moments comme cela, de ne pas se trom­per d’en­ne­mi. Iro­nie de l’his­toire, c’est cette per­sonne qui a dit ça, lun­di matin, pour dire aux gens dans mon genre qu’il y avait une sacrée dif­fé­rence entre Macron et Le Pen, sur l’é­chelle du risque comme sur celle de l’a­ver­sion. Ce sur quoi, du reste, je suis tout à fait d’accord.

Il est impor­tant de ne pas se trom­per d’en­ne­mi : ça aus­si, je suis tout à fait d’accord.

L’en­ne­mi, ça n’est pas le type qui ne vote pas ou qui se demande s’il va le faire.

L’en­ne­mi, c’est l’ex­trême droite.

Et taper plus fort sur ses amis que sur ses enne­mis n’est jamais une bonne solution.

C’é­tait la pen­sée du jour. Cette cam­pagne aura déci­dé­ment nour­ri bien des tris­tesses et des amertumes.