Joyeux anniversaire

C’é­tait le qua­trième reje­ton d’un fils de ritals ayant souf­fert en Alle­magne et d’un fils de lor­raine ayant souf­fert en Indo­chine. Enfant impré­vu, il venait rem­pla­cer le puî­né de la famille, brus­que­ment mort juste après un géné­ral. Plu­tôt irré­vé­ren­cieux, il se fit remar­quer dès sa nais­sance en raillant le décès subit de son aîné. Popu­laire chez les éco­lo­gistes, chez les com­mu­nistes, chez les liber­ta­riens, chez les obsé­dés sexuels, chez les anti­mi­li­ta­ristes, il sut tout aus­si bien se faire haïr des mêmes au fil du temps : il aimait avant tout tout remettre en ques­tion, tout cri­ti­quer, tout moquer, jus­qu’à ses propres amis. Mort une pre­mière fois dans les années 80, exhu­mé dix ans plus tard par un de ses pères au grand dam de l’autre, il se diri­geait dou­cet­te­ment vers un nou­veau décès assez natu­rel lors­qu’il dégai­na son iro­nie suprême : il trou­va le moyen de se faire sau­ver de la noyade par une bande de bas-du-front qui… vou­laient le tuer. Si sa vie a bien chan­gé, il conti­nue à pis­ser à la raie de ses enne­mis, de ses amis et des autres — parce qu’il y a suf­fi­sam­ment de gens qui sou­haitent fer­mer la fenêtre d’O­ver­ton pour qu’il per­siste à ten­ter de l’ou­vrir en force.

Couverture de Charlie 1058, "Journal irresponsable"
Quand on est bête et méchant, c’est rigo­lo de mettre de l’huile sur le feu. — des­sin de Charb

Joyeux anni­ver­saire, Char­lie Heb­do.