Joyeux anniversaire

C’é­tait le der­nier d’une longue lignée. Et, comme bien sou­vent, celle-ci s’é­tait assa­gie avec le temps : d’a­bord sau­vage, infer­nale, cette série de fauves se ter­mi­na sur un gros matou. Mais méfiez-vous du chat qui dort : même s’il est un peu obèse et paraît bien tran­quille, il sait vous sur­veiller de très loin, et ses épaules puis­santes peuvent déployer ses griffes à une vitesse et une dis­tance éton­nantes. Par ailleurs, sous sa grosse bouille ron­douillarde de gref­fier amé­ri­cain, il cachait la sophis­ti­ca­tion et l’al­lure d’un chat per­san, et il fit comme tous les félins une superbe car­rière en vidéo. On lui dédia même un film entier, vingt ans avant You­Tube, dans lequel un futur chi­rur­gien et un futur scien­to­logue mesu­raient la bite d’un futur super héros. À l’ap­proche de la cin­quan­taine, il s’est éloi­gné des écrans occi­den­taux, mais la rumeur dit qu’il conti­nue à tour­ner, là-bas, dans le désert.

Grumman F-14 Tomcat au Joe Davis Heritage Airpark
Je n’ai vu qu’un seul matou. Il était au chaud, à l’a­bri, les pattes en rond, un œil entrou­vert sur­veillant les visiteurs.

Joyeux anni­ver­saire, Grum­man Tomcat.