Droit de vote

Tout à l’heure, sur Twit­ter, on pou­vait trou­ver ça :

capture d'écran Twitter
cap­ture d’é­cran Twit­ter

Ça a fait cou­ler beau­coup d’encre, enfin, je veux dire, ça a fait taper beau­coup de cla­viers. Cer­tains juristes y sont allés de leur réponse, la plus expli­cite étant celle du mari de Mme Eolas :


Et effec­ti­ve­ment, sur un plan juri­dique, on ne voit pas bien com­ment éta­blir la preuve en l’es­pèce : si l’article 441–1 du Code pénal qua­li­fie bien le faux et l’u­sage de faux, il faut d’a­bord éta­blir le men­songe. Or, les scru­tins étant secrets en France, prou­ver qu’un indi­vi­du est “par­ti­san de gauche” est extrê­me­ment com­pli­qué : même s’il le reven­dique, rien n’o­blige à pen­ser que son vote est en accord avec ses paroles. Rien ne vous dit que je ne vote pas à droite une fois dans l’i­so­loir, et si c’est le cas, c’est entre ma conscience et moi ; d’ailleurs, j’aime à pen­ser que Chi­rac a peut-être voté Hol­lande en 2012 et que les décla­ra­tions à l’emporte-pièce de Mélen­chon ont pour seul but de détruire la gauche, vu que comme tous les bour­geois il vote à droite. (C’é­tait la minute poli­tique-fic­tion. J’espère.)

Mais même si on pou­vait prou­ver que l’in­di­vi­du a effec­ti­ve­ment men­ti, ça ne suf­fi­rait pas : il fau­drait en plus mon­trer qu’il y a un pré­ju­dice, c’est-à-dire prou­ver que la fraude du sale gau­chiste aurait modi­fié l’is­sue du scru­tin. Or, comme tous les élec­teurs de droite votent eux aus­si à bul­le­tin secret, ça sera encore plus com­pli­qué à prou­ver. Les can­di­dats défaits pour­raient atta­quer parce qu’ils ont per­du ? Moua­ha­ha­ha. Il fau­drait qu’ils prouvent que les élec­teurs natu­rels de la droite et du centre les auraient dési­gnés. Pas gagné, hein ?

Mais ce n’est pas tout. Il manque un truc, encore.

On parle de la “charte de l’al­ter­nance”, que tous ceux qui sou­haitent voter aux pri­maires de la droite et du centre doivent accepter.

Capture du site de la primaire
Cap­ture du site de la primaire

C’est tout.

Nulle part ne sont défi­nies “les valeurs répu­bli­caines de la droite et du centre”. J’ai cher­ché, j’ai pas trouvé.

Or, je pense pou­voir dire que je par­tage les valeurs répu­bli­caines : depuis long­temps, je trouve plu­tôt posi­tif qu’on ait éli­mi­né l’ab­so­lu­tisme, puis la royau­té (non, ça n’a pas été simul­ta­né), je crois que les citoyens d’un pays doivent en être eux-mêmes les sou­ve­rains et je pense que la Répu­blique est le moins mau­vais sys­tème pour par­ve­nir à cette sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Ce sont les valeurs répu­bli­caines, qui je crois ne sont pas spé­ci­fiques à la droite et au centre mais qui, sur­tout, ne sont pas dif­fé­rentes à droite et à gauche.

Quant à dire que je m’en­gage pour l’al­ter­nance… Hey, vous avez enten­du ce que je mets dans la gueule d’Hol­lande quand je parle de lui ces der­niers mois ? J’au­rais le choix entre lui et un flan au cara­mel, ma seule ques­tion serait “com­ment faire pour que les visi­teurs de l’É­ly­sée n’es­saient pas de man­ger le président ?”

Bien enten­du, je ne pense pas que l’al­ter­nance doive for­cé­ment pas­ser par l’é­lec­tion d’un nou­veau pré­sident de droite — ça en ferait quand même un sacré paquet d’af­fi­lée, depuis Chi­rac¹. On pour­rait ten­ter un cen­triste ou même un gau­chiste, juste une fois pour voir, par acquit de conscience. Mais fon­da­men­ta­le­ment, je peux sans men­tir dire que je par­tage les valeurs répu­bli­caines et que je m’en­gage pour l’al­ter­nance afin de redres­ser la France.

Ce qui me fait vrai­ment chier, en revanche, c’est l’i­dée de don­ner de l’argent à LR. Ça, ça me pose vrai­ment un pro­blème moral, bien plus que signer une charte à laquelle, au fond, j’adhère bien plus que les roya­listes qui votent UMP depuis des lustres.

¹ Ou plus encore depuis de Gaulle, si vous faites par­tie des gens qui consi­dèrent Mit­ter­rand comme de droite. Mais per­son­nel­le­ment, je laisse le béné­fice du cen­trisme à un type qui a certes pri­va­ti­sé à tour de bras, mais nous a ajou­té une semaine de congés payés, a libé­ré les fré­quences radio et a abo­li la peine de mort.