Joyeux anniversaire

Né tout juste un mois après son meilleur enne­mi, il devait comme lui deve­nir le meilleur sprin­teur du moment. Et, comme lui, il sem­blait tout droit sor­ti d’une bande des­si­née ; mais plu­tôt que la pure­té idéo­lo­gique jacob­sienne, il don­nait dans la pré­ci­sion pra­tique d’un Uder­zo. D’ailleurs, ses parents ne comp­taient pas juste en faire un cham­pion des stades : ils rêvaient pour lui d’une grande car­rière dans le vrai monde. Il fit montre d’un carac­tère plu­tôt entier, et se fit au bout du compte griller la poli­tesse par un cama­rade sans doute moins spec­ta­cu­laire, mais d’hu­meur plus conci­liante lors­qu’on lui deman­dait des com­pro­mis. Il n’empêche que ce grand gaillard droit dans ses bottes, s’il n’ai­mait pas les demi-mesures, se révé­la un infa­ti­gable com­pé­ti­teur : doté d’une mus­cu­la­ture élé­gante, il avait com­pris l’im­por­tance de gar­der la ligne au niveau des hanches et cou­rait sans fai­blir jus­qu’à ce que la fièvre l’ar­rête. Comme son mal­heu­reux cama­rade, il prit une retraite pré­coce : assis dans le même salon, ils passent désor­mais leurs vieux jours à racon­ter leur folle jeu­nesse pour faire rêver les gamins de passage.

Une réus­site spec­ta­cu­laire, et il a tou­jours une sacrée gueule… — pho­to Cle­mens Vas­ters, CC-BY, retouche des niveaux

Joyeux anni­ver­saire, Nord Grif­fon II.