A voté !

Jus­qu’à mer­cre­di, c’est le pre­mier tour de La Primaire.org.

Le truc très bien, c’est qu’on ne vote pas pour tous les can­di­dats, mais pour cinq d’entre eux, tirés aléa­toi­re­ment. Ça limite le nombre de pro­fes­sions de foi à se taper et, sur­tout, ça limite l’im­pact du copi­nage — pas de “votez pour mon fils c’est le meilleur” : sta­tis­ti­que­ment, vous avez plus de deux chances sur trois que son fils ne soit pas dans votre liste de candidats.

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Ensuite, le vote pro­pose cinq men­tions, de “très bien” à “insuf­fi­sant”, à attri­buer à chaque can­di­dat. Ça répond donc par­fai­te­ment à mes réflexions récentes autour du scru­tin pré­fé­ren­tiel : plu­tôt que de voter pour un sans rien dire des autres, sans qu’on sache si c’est une adhé­sion ou un choix par défaut, on s’ex­prime sur chaque can­di­dat en indi­quant sa valeur. Il est pos­sible que vous votiez “insuf­fi­sant” pour vos cinq can­di­dats, ce qui serait l’é­qui­valent d’un vote blanc, mais il y a une dif­fé­rence fon­da­men­tale : ici, ça sera pris en compte et ça rédui­ra la note de cha­cun de vos can­di­dats, en espé­rant qu’il y en ait de meilleurs dans ceux que vous n’au­rez pas eus.

Oui, parce que ne ver­sons pas dans l’an­gé­lisme : comme dans toutes les élec­tions, le pro­blème majeur, c’est les candidats.

Les cinq qui m’ont été attri­bués sont… Hum. Disons poli­ment qu’ils ont tous des faiblesses.

Un type qui mul­ti­plie les cita­tions et écrit un roman à l’ap­pui d’une sorte d’u­to­pie mar­xo-libé­rale, et pour qui émi­gra­tion et immi­gra­tion sont fon­da­men­ta­le­ment des problèmes.

Un type qui veut reti­rer les primes des fonc­tion­naires absen­téistes (j’ai un scoop : c’est déjà le cas) et qui voit le numé­rique comme une solu­tion magique à tout.

Un type qui fait des phrases com­plètes en majus­cules, sur­tout quand il parle d’Is­lam (reli­gion pour laquelle il nour­rit appa­rem­ment une méfiance spé­ci­fique et qui est la cible d’un dixième de son programme).

Un type qui refuse de se pré­sen­ter et dont le lien “ma car­rière” ren­voie vers la page Wiki­pé­dia de Simone Weil.

Un type qui veut mettre en concur­rence les régions et les écoles, mettre à bas la Sécu­ri­té sociale et le Code du tra­vail, et “sup­pri­mer le “prin­cipe de pré­cau­tion” de la Consti­tu­tion” — et ça, je vous laisse cher­cher : per­so, je l’ai pas trouvé.

(Oui, c’est arri­vé à ce der­nier que je me suis dit qu’il man­quait encore un choix : plu­tôt qu’in­suf­fi­sant, je le trouve terrifiant.)

Dans l’en­semble, je ne suis donc pas des masses plus convain­cu par ces can­di­dats que par les can­di­dats habi­tuels des autres élec­tions. Ceci dit, le plus mau­vais de ceux-ci a au moins la qua­li­té de n’être pas pro­fes­sion­nel de l’exer­cice et de n’a­voir pas intri­gué pen­dant vingt ans au sein d’un par­ti poli­tique pour se faire mous­ser. Ces can­di­da­tures fleurent bon l’a­ma­teu­risme et, cha­cune avec ses naï­ve­tés et ses inco­hé­rences, changent des dis­cours for­ma­tés des com­mu­ni­cants des partis.