C’était bien une question d’adhérence

Ce week-end, ral­lye de Chypre. Le pre­mier depuis 1996 à com­por­ter un ter­rain mixte asphalte-terre (ces 12 der­nières années, les ral­lyes de cham­pion­nat du monde étaient soit terre, soit asphalte, seule la neige et l’eau pou­vant appor­ter des varia­tions) : bitume le pre­mier jour, terre rocailleuse les suivants.

Cepen­dant, comme il n’est pas ques­tion de démon­ter de A à Z toutes les voi­tures dans la nuit du ven­dre­di, on arrive à ce para­doxe amu­sant : tout le monde s’est retrou­vé avec des voi­tures et des pneus terre, même le pre­mier jour.

Pour ceux qui ne le sau­raient pas, il convient de signa­ler que les voi­tures uti­li­sées en cham­pion­nat du monde — connues sous le nom de WRC — sont épou­van­ta­ble­ment chiantes à regar­der sur l’as­phalte. En gros, c’est comme des For­mule 1 : elles sont posées sur des rails, et ne glissent qu’en cas de sor­tie de route. Pour les pilotes, c’est en prime une situa­tion assez stres­sante : la moindre erreur envoie au tas, et la puis­sance n’est pas vrai­ment suf­fi­sante pour impro­vi­ser quelque chose. Cette évo­lu­tion tech­nique, asso­ciée au rac­cour­cis­se­ment des spé­ciales, a trans­for­mé le ral­lye, jadis épreuve d’en­du­rance, en suc­ces­sion de sprints.

Avec des pneus de merde inadap­tés, ça change une ou deux choses. Celui-ci se tord, perd son adhé­rence, la voi­ture glisse. Je viens de voir plu­sieurs caisses enrou­ler des courbes comme au bon vieux temps des Del­ta HF Inte­grale — le temps où, avec ~300 che­vaux, les trains rou­lants étaient à la limite d’être débor­dés –, et des pilotes ren­trer un peu en force et cor­ri­ger ensuite au volant et aux gaz… Bref, une petite dose d’im­pro­vi­sa­tion qui fut long­temps la dif­fé­rence majeure entre ral­lye et circuit.

Main­te­nant, on sait ce qu’il faut faire pour rendre au ral­lye asphalte son côté spec­ta­cu­laire : inter­dire les pneus habi­tuel­le­ment uti­li­sés. Tiens, un pneu unique pour l’en­semble des épreuves, j’at­tends de voir mais j’ai dans l’i­dée que ça pour­rait être mar­rant. Après tout, le ral­lye est une dis­ci­pline rou­tière, y’a pas de rai­son qu’ils changent les pneus plus sou­vent que moi (y’a pas si long­temps, embar­qué sur une mau­vaise piste, j’au­rais aimé avoir un lot de pneus boue plu­tôt que les neige sur le Trans­por­ter… Mais ça m’ap­pren­dra à vou­loir explo­rer des raccourcis).