Le retardataire

Mon petit billet de tout à l’heure m’a rap­pe­lé une autre anec­dote de cinoche dont j’a­vais pas encore par­lé ici. C’é­tait y’a deux-trois mois, je sais même plus pour quel film (mais c’é­tait salle 6 de l’UGC des Halles, à gauche dans la tra­vée cen­trale, à peu près au tiers bas des gra­dins, moi et ma mémoire géographique…).

J’ar­rive pen­dant la pub, comme d’hab (j’ai per­du ma manie d’être sur place avant l’ou­ver­ture de la salle, mais pas au point d’ar­ri­ver après le début du film, vous ver­rez que ça a son impor­tance). La salle n’est pas pleine, mais loin d’être vide ; j’a­vise deux places libres côte à côte en bor­dure de ran­gée, assez haut pour ne pas avoir à tordre le cou, donc satis­fai­santes. Je m’as­sois donc au bord, lais­sant un fau­teuil entre moi et la per­sonne assise à ma droite. Oui, parce que je sais que j’ai les épaules larges (on va dire ça comme ça…) et j’é­vite de m’im­po­ser aux autres sans rai­son. Et j’aime bien avoir deux accou­doirs pour moi tout seul, non, c’est pas faux non plus.

Début du film, c’est pro­duit par Untel, avec la par­ti­ci­pa­tion finan­cière de Telautre, c’est dis­tri­bué par Stu­dio Canal (chuis pas cer­tain, mais sta­tis­ti­que­ment je dois avoir bon). Pre­mière séquence, direct dans l’ac­tion, le film com­mence bien.

“Excu­sez-moi…”

J’ai déjà dit quelque chose de ce que je pense des abru­tis qui se pointent après le début du film et font bou­ger tout le monde ? Bon, c’est vrai, la salle s’est bien rem­plie depuis mon arri­vée… d’ailleurs c’est plein juste der­rière moi. Si je me lève pour le lais­ser pas­ser, j’obs­true la vue des gens, d’au­tant plus qu’on se retrou­ve­ra à deux debout. Et puis si je le laisse pas­ser je perds l’é­cran des yeux le temps qu’il s’as­soie et j’ai vrai­ment pas envie de rater un plan, oui, c’est vrai aussi.

Du coup, je m’ap­puie sur mon accou­doir, me décale pres­te­ment d’un siège et lui laisse le mien, en bor­dure de tra­vée. S’il joue le coup comme il faut, il peut même s’as­seoir sans faire chier les gens derrière.

Sauf que deux secondes plus tard, il a dis­pa­ru. Inter­lo­qué, je baisse les yeux et le trouve en train de s’ins­tal­ler deux ran­gées devant, mal­gré un angle de vue moins favo­rable qui lui tor­ti­co­li­se­ra les cervicales.

“Éton­nant, non ?”, me souffle mon Des­proges interne.

C’est là que je m’a­vise que le spec­ta­teur à ma droite est une demoi­selle d’un petit quart de siècle, plu­tôt jolie d’ailleurs. Oui, bon, je l’a­vais noté avant, vous avez raison.

Et que le retar­da­taire a été s’as­seoir à côté d’une autre fille.