Inktober, semaine 4

Après deux semaines per­tur­bées par un gros dos­sier et une mas­sa­crée par des confé­rences, voi­ci donc la qua­trième four­née de cet Ink­to­ber, tou­jours avec un soin variable — je vous laisse devi­ner à par­tir de quel jour j’ai eu un peu plus de temps à y consacrer.

Dimanche, c’é­tait “piste”. Et comme la mon­tagne, ça vous gagne, j’ai pris la scène cham­pêtre d’un che­min de ran­don­née (le thème ori­gi­nal, “trail”, s’u­ti­lise par­fai­te­ment dans ce contexte), à peine trou­blé par l’en­traî­ne­ment des mili­taires au vol à très basse alti­tude. Au cas où vous auriez un doute : la Suisse n’a rien qui res­semble à cet appa­reil (en même temps, il n’y a rien qui res­semble à cet appa­reil), mais y’a encore des gens qui m’ont par­lé de l’Axalp cette semaine.

J’ai crayon­né ça dans le train en ren­trant du Mans, et j’ai atten­du la fin des cahots pour encrer à domi­cile. Je trouve que les pro­por­tions sont pas trop pour­ries pour un truc gri­bouillé dans un TER et fini à l’ar­rache avant de plon­ger dans mon lit, mais glo­ba­le­ment le seul truc que je trouve réus­si, c’est les herbes folles au pre­mier plan et le caillou là — non, pas celui-là, celui-ci, là.

Lun­di, j’ai bos­sé. Beau­coup. Entre les gens qui m’a­vaient ren­voyé des cor­rec­tions sur le gros dos­sier (oui, je leur avais bien dit que j’é­tais pas dis­po après le 15…) et ceux qui avaient des tra­duc­tions urgentes, j’ai un peu lais­sé le crayon de côté.

Mar­di, j’ai encore beau­coup bos­sé (une nou­velle four­née de tra­duc­tions urgentes est arri­vée dans l’a­près-midi), mais en fin de soi­rée, après m’être mis à jour sur Out­lan­der, il me res­tait une heure avant d’al­ler dor­mir. J’ai donc une nou­velle fois com­bi­né deux thèmes, “juteux” et “aveugle”, pour dire que c’est dan­ge­reux d’ap­pro­cher un vieil avion qui pisse l’huile quand on voit pas où on met les pieds.

C’est très moche. On devrait pas des­si­ner quand on est pres­sé et fati­gué. Mais en même temps, faire trois thèmes en un seul des­sin, ç’au­rait été pire.

Mer­cre­di, “navire”. Scène his­to­rique avec un Cata­li­na hydra­vion (je crois que tous les sur­vi­vants sont des amphi­bies) lâchant un canot de secours à une vedette en détresse.

J’ai vou­lu ten­ter quelque chose sur les vagues pour faire un océan plus déchaî­né que les vague­lettes habi­tuelles ; c’est pas super réus­si. Je suis plus satis­fait du Cat : les formes du double redan, le nez défi­gu­ré par la tou­relle (équi­pe­ment cou­rant dans la car­rière mili­taire de l’ap­pa­reil, sou­vent démon­té par la suite), et les ombres géné­reuses qui lui donnent un petit air inquié­tant… Au pas­sage, j’a­vais com­plè­te­ment foi­ré le moteur gauche : un ombrage bien dense peut par­fois mas­quer des erreurs, et ça prend moins de temps que de jeter la feuille et de recommencer.

(Tiens, je me demande si je viens pas de révé­ler un des plus vieux trucs des auteurs de comics. 😇)

Jeu­di, enfin un peu de temps pour moi. “Squeak”, que The French Ink­to­ber a tra­duit par “grin­cer”, désigne aus­si un petit cri aigu, notam­ment celui des ron­geurs. On vous dira ce qu’on vou­dra, mais la vraie rai­son pour laquelle on démarre jamais les avions dans le han­gar, c’est qu’on ne veut pas déran­ger les rats.

Glo­ba­le­ment, j’en suis assez content : la pers­pec­tive sur le 172 est cor­recte mal­gré un angle inha­bi­tuel et sur­tout, le rat res­semble à un rat. J’é­tais pas sûr, quand j’ai com­men­cé à gri­bouiller, qu’il res­sem­ble­rait pas plus à un cas­tor, à une loutre ou à un hip­po­po­tame. Il compte en fait très peu de vrais traits : ce sont les poils qui déli­mitent ses membres et lui donnent du volume. J’ai fini par l’in­té­rieur du han­gar, un peu plus à l’ar­rache et logi­que­ment moins réus­si (après trois heures, je fati­guais un peu), mais je trouve que l’en­semble rend pas mal.

Ven­dre­di, “grim­per” et same­di, “chu­ter” : deux thèmes qui deman­daient à être trai­tés en dip­tyque. L’oc­ca­sion de rap­pe­ler cette base de l’a­via­tion, résu­mée il y a quelque temps par Michel Léveillard sur les Aéro­fo­rums : “si tu tires le manche, tu montes, si tu tires trop fort, tu redes­cends avec la finesse d’une brique”.

Vous l’au­rez devi­né, j’ai com­men­cé par l’ha­bi­tacle et déco­ré l’ar­rière-plan ensuite : celui-ci est bien plus rus­tique que celui-là, sur­tout sur le deuxième des­sin (ça sen­tait la las­si­tude). Sur­tout que j’ai beau­coup étu­dié les ombrages, très dif­fé­rents entre la pre­mière image (l’a­vion a une forte assiette posi­tive et peu d’in­cli­nai­son) et la deuxième (il a décro­ché et abat­tu sur l’aile droite). C’est pas très réa­liste, d’a­bord parce que le PS28, s’il abat fran­che­ment au décro­chage, ne prend guère de rou­lis lors­qu’il le fait, ensuite parce qu’on ne fait pas ce genre d’exer­cice au-des­sus des zones peu­plées ; cepen­dant, des­si­ner des mai­sons per­met­tait d’a­voir une pers­pec­tive plus claire que des champs et donc de mieux sai­sir l’at­ti­tude de l’avion.

J’ai tout de même pro­fi­té du deuxième des­sin pour cor­ri­ger des trucs qui n’al­laient pas sur le pre­mier, en par­ti­cu­lier les dimen­sions de la poi­gnée de déver­rouillage de la ver­rière (à droite, entre les sièges). Et je suis tou­jours très mau­vais sur les gens.

Allez, encore trois jours et ça sera fini. Courage !