Joyeux anniversaire

Il était le der­nier d’une por­tée de tri­plés. Et, soyons hon­nête, le plus laid : l’aî­né avait un style fort clas­sique et une bonne tête, le puî­né pro­fi­tait d’une élé­gance rare et de muscles fermes et ten­dus, le cadet… Eh bien, il avait les épaules tom­bantes, un petit nez tout poin­tu sur­plom­bant un goitre encom­brant, le corps un peu gras et l’ar­rière-train angu­leux. Mais être moche n’empêche pas d’être bon vivant : dans sa jeu­nesse, il fit preuve d’une belle agi­li­té et bat­tit même un petit record de sprint. Il fut aus­si celui des trois qui eut la plus longue car­rière : après avoir fort peu tra­vaillé dans son pre­mier job de livreur, il devint le bar­man le plus répu­té du Royaume-Uni, et l’on s’ar­ra­cha ses ser­vices jus­qu’en Amé­rique du Sud ! Et s’il a pris sa retraite au début des années 1990, il a encore pro­fi­té d’un ins­tant d’i­nat­ten­tion du per­son­nel pour s’é­va­der briè­ve­ment de son hos­pice en 2009.

Vic­tor quit­tant sa mai­son de retraite, sous le regard médu­sé des visi­teurs. — cap­ture de vidéo de Chris Cannon

Joyeux anni­ver­saire, Victor.